Coordinateur general du Rassemblement Mondial pour Soutenir le Choix de la Résistance

Alain corvez

Coordinateur general du Rassemblement Mondial pour Soutenir le Choix de la Résistance

Beyrouth le 13/9/23

La situation politique au Liban ( absence de Président et affrontements intra-palestiniens du camp d’Aïn El Heloué ) est liée aux rapports de force dans le monde qui s’exacerbent en certains points de crise : Ukraine, Yémen, Palestine, Arménie, Liban.

L’absence de consensus pour le choix d’un PRESIDENT chrétien, résulte du blocage de forces politiques minoritaires comme les chrétiens des Forces Libanaises de Samir Geagea ou des Kataeb de Gemayel, soutenus par les EU, Israël et l’Arabie qui veulent éradiquer le Hezbollah, la plus grande force politique du pays fortement ancrée dans la population et auréolée par ses succès dans l’affirmation de la souveraineté du pays face à Israël ou dans le soutien du gouvernement pour la délimitation des frontières terrestres et maritimes, notamment concernant l’exploitation du gaz.

L’accord Iran-Arabie Séoudite signé à Pékin il y a quelques mois n’a pas apporté de progrès au Liban pour le moment. L’Arabie a des exigences pour la nomination du Premier Ministre, sunnite, et reste opposée à un Président qui aurait l’aval du Hezbollah.

Cependant, d’après de hauts responsables libanais rencontrés ces jours-ci, la médiation française menée par M Le Drian actuellement à Beyrouth, pourrait déboucher sur une solution de la crise. Le Hezbollah, acteur décisif, apprécie les vues pragmatiques de l’ancien Ministre, qui s’appuie sur une évaluation objective des réalités politiques et écoute tout le monde sans idéologie préalable.

Il est proposé de réunir les députés pendant une ou des sessions pour déboucher sur un consensus résultant du réel rapport de force pour élire le PR. Les dirigeants du Hezbollah font preuve d’une large ouverture d’esprit, contrairement aux idées toutes faites, sans sectarisme, et reconnaissent le rôle historique des chrétiens au Liban avec lesquels ils souhaitent une cohabitation harmonieuse et un partage des responsabilités. Les Libanais chiites, qu’ils soient du Hezbollah, de Amal ou sans obédience n’ont aucune sympathie pour les Etats-Unis et respectent -voire aiment- la France.

La candidature de Souleiman Frangié, soutenue par le Hezbollah et les forces chrétiennes du CPL créé par le Général Aoun, semble être celle qui l’emportera, ses bonnes relations avec la Syrie laissant espérer, d’une part, une meilleure approche de la gestion des millions de Syriens réfugiés et, d’autre part, des échanges économiques journaliers avec la grande voisine qui renforce sa position dans le monde arabe. En outre, les grands sujets régionaux arabes, la question palestinienne, ne peuvent être réglés sans une coopération syro-libanaise.

Avec la médiation de M Le Drian, la France pourrait offrir au Liban une sortie de crise , grâce à sa connaissance de toutes les composantes de la population libanaise multi confessionnelle qui reste un exemple unique au monde de cohabitation entre les différentes religions, et la prise en compte pragmatique des réalités en dehors de toute allégeance.

Palestine

La guerre entre Palestiniens dans le camp d’Aïn El Heloué où vivent tant bien que mal plus de 400.000 personnes est le résultat des rivalités entre les factions politiques rivales qui divergent sur les stratégies pour l’intifada et sur la gestion des armes : certaines sont favorables à rendre les armes qu’elles détiennent à l’Armée libanaise, comme souhaité par le gouvernement et de nombreux pays, d’autres s’y opposent pour conserver leur force de frappe. Israël qui considère à juste titre que certaines de ses armes parviennent à la résistance dans les territoires occupés utilise les agents qu’il a toujours eu chez les Palestiniens pour attiser les tensions. Ses difficultés internes incitent aussi sans doute les dirigeants actuels à susciter ailleurs des tensions. Récemment, des contacts entre responsables palestiniens et responsables politiques libanais favorables à la reddition des armes ont préparé ces affrontements.

Yémen

L’accord de Pékin n’a pas eu d’effet, pour l’instant, sur l’affrontement dramatique pour la population entre les Etats-Unis, les Émirats et les Houthis, du fait de la politique inflexible de Riyad qui maintient un blocus aérien et maritime du pays ignoble, laissant la population dépourvue de tout : nourriture, eau, soins.

Les rebelles Houthis ont montré leur force militaire en prenant Sanaa au Nord, la capitale du Sud, Aden, abritant le gouvernement soutenu par les Émirats et et l’Arabie. Les pourparlers pour une fin du conflit n’ont rien donné, les Émirats conservant leur domination du Sud, ainsi que l’île de Socotra.

Soutenus par l’Iran et l’ensemble des forces de la résistance, les Houthis ont développé des armements performants qui ont montré leur efficacité. Face à l’obstination de l’Arabie qui s’obstine à prolonger un conflit qu’elle ne peut pourtant remporter, décevant les espoirs que l’accord de Pekin avec l’Iran avait suscités il est probable qu’à très court terme les Houthis montreront leur force par une frappe meurtrière en territoire séoudien.

Le Yémen, berceau de l’Arabie, héritier d’une vieille civilisation, est l’âme du monde arabe. Seul le pétrole, avec l’aide des Britanniques, a permis à Ibn Séoud d’asseoir sa domination sur les bédouins de la péninsule et d’établir son royaume. Mais il savait que c’était une effraction : sur son lit de mort il réunit ses fils pour leur dire : «  Les malheurs de l’Yémen sont le bonheur du royaume ». Ce testament rapporté par le grand historien Jacques Benoist-Méchin dans son remarquable : « Ibn Séoud et la naissance d’un royaume » explique l’antagonisme entre l’Arabie Séoudite et le Yémen.

Les Houthis, comme les Iraniens et le Hezbollah qui les soutiennent, pensent que les Séoudiens ne comprennent que la force et qu’ils devront la montrer avant un mois avec une puissance supérieure encore aux frappes d’il y a deux ans sur les installations pétrolières du Royaume.

Car tout est lié au Moyen-Orient : la situation du Liban dépend des rapports de force dans la géopolitique régionale, voire mondiale.