Analyse sur la déroute américaine en Afghanistan
Analyse sur la déroute américaine en Afghanistan
Colonel Alain Corvez
Coordinateur Général du Rassemblement Mondial pour soutenir l’Option de la Résistance en France
La déroute américaine en Afghanistan est le marqueur d’un basculement des équilibres du monde.
Je n’ai pas écrit sur le sujet mais je suis intervenu sur Radio Courtoisie et dans des rencontres. Je suis en désaccord avec la plupart des analyses de soi-disant experts aveuglés par leur idéologie pro-occidentale qui ne font que se lamenter sur l’échec de l’Occident sans accepter les raisons qui ont porté les Talibans au pouvoir. C’est un échec dramatique pour l’administration démocrate qui n’a pas su exploiter l’accord que Trump avait obtenu et a été dépassée.
La domination américaine dans le monde est terminée car tous ses alliés vont les lâcher par peur qu’il leur arrive la même chose. Russie, Chine, Iran, Pakistan vont profiter modestement de cet échec plus grave que celui de l’Irak ou même du Vietnam.
Le 15 août 2021 est une humiliation pour les Etats-Unis, plus retentissante que celle du 30 avril 1975 avec la chute de Saïgon devenue Ho Chi Minh-Ville.
À l’intérieur, les EU, déjà tiraillés par des ferments de division depuis l’arrivée controversée de Biden risquent une déstabilisation sous diverses formes. C’est en tout cas la fin de leur domination arrogante et l’Union Européenne va en subir le contrecoup : Bruxelles et l’OTAN vont être remises en question fondamentalement en raison de leur subordination inconditionnelle à une Amérique qui va avoir du mal à se remettre de cet échec cuisant. C’est donc un événement aux conséquences mondiales.
C’est parce que le peuple afghan a accueilli les Talibans que ceux-ci ont pris le contrôle du pays en quelques jours. Deux corps d’armée se sont ralliés à eux et ils n’ont pas eu à se battre pour prendre les provinces et Kaboul. L’armée gouvernementale formée par les EU ne s’est pas battue sachant que les Américains partaient, le gouvernement mis en place étant corrompu comme l’a montré la fuite du Président Ashraf Ghani avec les dollars américains. Les Afghans qui veulent s’enfuir dans les avions occidentaux sont ceux qui ont collaboré avec les forces d’occupation, par idéologie mais aussi par appât du gain : ils ne sont pas la majorité.
Les Talibans ont annoncé une amnistie pour les collaborateurs et ils vont se montrer magnanimes pour être reconnus internationalement, leurs alliés russes, chinois, iraniens et pakistanais vont les y inciter et comme leurs dirigeants sont intelligents ils ont proposé une réconciliation nationale de toutes les ethnies. Par l’accord avec Trump ils avaient dit qu’en échange du départ de toutes les troupes étrangères ils s’engageaient à lutter contre le terrorisme ( Al Qaïda), contre la drogue ( culture du pavot qui a proliferé sous l’occupation américaine), contre la corruption, et à participer à un gouvernement d’union nationale.
Les Talibans sont des nationalistes d’inspiration islamique ce qui est normal dans un pays où les habitants des différentes tribus sont tous musulmans, majoritairement sunnites mais avec une forte minorité chiite notamment chez les Hazaras, proches de l’Iran. Les experts déçus par cette issue disent que ce sont les mêmes terroristes que ceux des années 1990-2000 mais c’est faux. Ils ont le même nom mais leur but n’est pas le califat islamique mondial d’il y a 20 ans, mais la libération du pays. Ils sont musulmans radicaux, ce qui ne dérange pas les populations afghanes, toutes musulmanes mais avec des nuances.
Les peuples doivent décider eux-mêmes de leur sort sans qu’une puissance tutélaire ne leur impose leur façon de vivre et d’être dirigés. C’est ce que de Gaulle répétait dans ses voyages dans le monde entier.
C’est pourquoi il a une aura qui ne s’est pas affaiblie : les peuples du monde le connaissent tous encore aujourd’hui et se lamentent que la France d’aujourd’hui ait oublié ses enseignements quand elle s’aligne sur l’impérialisme.